27 Avril 2020 | ||
|
L’éclairage du Covid-19 |
||||
Depuis plusieurs mois déjà le sujet de la « Culture de la Sécurité des Aliments » - ou « Food Safety Culture » pour reprendre l’anglicisme plus concis et désormais largement utilisé - est traité dans de nombreux articles, blogs, webinars, conférences… L’origine de cet engouement est à chercher du côté du GFSI (Global Food Safety Initiative) qui encadre la reconnaissance internationale des démarches de certification Qualité et Sécurité des Aliments. A la suite du BRCv8 qui avait montré la voie en 2018 avec un chapitre dédié (§1.1.2) le GFSI, dans la version 2020 de son guide de reconnaissance mutuelle, a donc rendu obligatoire la démonstration « d’éléments de culture de la sécurité des aliments » (cf. point I ci-après). Il s’agit désormais pour tous les industriels de s’atteler à déployer / mesurer / améliorer… leur « culture Food Safety ». Or depuis le 16 mars dernier cette injonction, qui laissait jusqu’alors beaucoup d’industriels perplexes, prend une tournure quasi fascinante. Hasard ou coïncidence ? En tout cas convergence des luttes ! Dans un monde radicalement et sans doute durablement bouleversé la question de la « culture » apparaît non plus comme un sujet nouveau et vaguement marginal, dont les équipes Qualité et les auditeurs devraient se saisir isolément à l’échelle des entreprises, mais bien comme un enjeu central et vital pour notre société toute entière ! Vertigineux. Par ailleurs s’enchaînent les communiqués des détenteurs de l’IFS, du BRC du FSSC22000, relayés par ceux des organismes certificateurs, qui tentent par tous les moyens de maintenir actifs les processus de certification… avec à la clef, entre autres, l’évaluation du respect de cette nouvelle exigence. Alors dans un contexte plus que jamais incertain, au temps de l’urgence extrême, nous sommes bien conscients que l’heure n’est pas encore à la prise de recul, pourtant nous prenons le risque d’aborder ce sujet de la « Food Safety Culture » à la lumière de la crise du Covid-19… | ||
1. Qu’est-il attendu des entreprises exactement ? Est-ce toujours pertinent ? |
||||
Le GFSI BENCHMARKING REQUIREMENTS VERSION 2020 exige des standards qu’ils reprennent l’exigence suivante : « La preuve de l'engagement de la direction à établir, mettre en œuvre, maintenir et améliorer en permanence le système de management de la sécurité des aliments doit être apportée. Ceci doit inclure des éléments de la culture de la sécurité des aliments, consistant au minimum en : communication, formation, retour d'information des employés et mesure des performances des activités liées à la sécurité des aliments. » [Traduction Exaris de la version originale (anglais)] Conscient que cette porte ouvrirait sur de nombreux questionnements le GFSI avait judicieusement publié dès novembre 2018 un guide de 54 pages dédié à cette question : A CULTURE OF FOOD SAFETY - A POSITION PAPER FROM THE GLOBAL FOOD SAFETY INITIATIVE (GFSI). On trouve dans ce guide la définition* contextuelle suivante du terme « Food Safety culture », par ailleurs largement reprise dans les publications professionnelles : « Valeurs, croyances et normes partagées qui impactent l’état d’esprit et le comportement à l’égard de la sécurité des aliments au sein et au travers d’une organisation ». *Version originale: “shared values, beliefs and norms that affect mindset and behaviour toward food safety in, across and throughout an organization.” S’ensuivent une série de recommandations et orientations méthodologiques visant à aider les entreprises à déployer / mesurer / améliorer leur culture Food Safety (cf. fig. 1 ci-après). Mais la lecture de la définition proposée nous montre déjà à quel point la réponse à cette nouvelle « exigence » dépasse très largement le seul cadre de l’entreprise. L’inflexion des « valeurs, croyances, normes » auxquelles adhère un groupe d’individus n’est certainement pas du seul ressort des dirigeants d’une entreprise, loin s’en faut ! La crise que nous traversons nous en apporte chaque jour de nouvelles démonstrations : un groupe qui hier ne croyait qu’à l’immunité collective ne jure le lendemain que par le confinement, d’autres pour qui le lavage-désinfection des mains était loin d’être un réflexe en sont devenus des experts intransigeants, dans certaines régions du monde aucun individu ne songerait à sortir sans masque quand ailleurs ce dernier est présenté comme optionnel (pour combien de temps ?)… Par ailleurs qui aurait songé il y a encore dix jours à transférer ses courses au sein de son domicile via un « sas de décontamination » ? Qui aurait sursauté en voyant s’approcher un inconnu à moins de un mètre ne portant pas de masque ? Impossible de ne pas faire de lien entre le contexte actuel de lutte contre la pandémie et cette question fondamentale de la « culture sécurité », au sens large, des différentes sociétés dans le monde. Sans hésitation ce sujet est plus que jamais d’actualité pour chacun, mais bien au-delà du seul périmètre de son entreprise. Il convient alors, sans doute, d’envisager la « conformité » aux exigences de la certification sous un angle nouveau, et peut-être déjà caduque ! | ||
2. Le contexte, premier facteur d’infléchissement de la « culture sécurité » |
||||
On nous explique depuis des mois que bien sûr nul n’est tenu de réussir à infléchir en quelques mois la culture de son entreprise, qu’il faut un « plan », impliquant des actions de formation, de communication, de mesure, d’enquêtes… or nous avons vu des PME de l’agroalimentaire s’organiser en quelques jours seulement de manière remarquable pour déployer des mesures barrières pertinentes et efficaces, sans aucune aide extérieure, armées de leur seule intelligence collective et poussées par l’urgence de survie et de contribution au bien commun. Rien de ceci n’avait été planifié et pourtant la « culture sécurité » de ces entreprises en sera probablement durablement impactée. Nous parlons en effet de « sécurité » au sens large, par effet de percolation flagrant dans le cadre de cette crise : il s’agit pour chacun d’assimiler des gestes barrières visant à minimiser la propagation des contaminations microbiologiques de la manière la plus générale qui soit, avant de s’intéresser aux actions ciblées telles que la désinfection d’un emballage ou d’une poignée de porte… Avec pour enjeu sa propre protection et celle de ses proches dans un premier temps, puis par extension la protection des consommateurs que l’on fait bénéficier de cette sécurité augmentée. Une belle illustration de la relation essentielle qui existe entre sécurité des aliments (et donc des consommateurs) et sécurité des travailleurs, et de l’importance cruciale de la culture qui les sous-tend. | ||
3. Comment « répondre à l’exigence » ? |
||||
L’actualité nous le confirme donc, si c’était nécessaire : l’enjeu posé par cette question de la « Culture Food Safety » dépasse très largement le simple cadre d’une case dans une checklist d’audit. Aucun auditeur ne saurait légitimement et objectivement affecter une « note » à cette question. Par ailleurs les axes de travail proposés par le GFSI (cf. fig. 1 ) et la profusion de questionnaires, outils, enquêtes qui en découlent, aussi louables soient-ils n’en restent pas moins relativement lourds et conceptuels, notamment pour une application à l’échelle de PME… sentiment largement renforcé par les constats partagés plus haut. Alors que proposer ? Selon nous la question du déploiement, de la mesure et de l’amélioration de la culture Food Safety au sein d’une entreprise s’articule autour de 4 axes :
| ||
Conclusion |
||||
Il est compliqué de cibler les sujets de fond pertinents à traiter dans un contexte tellement perturbé. Celui-ci en est peut-être un. Notre équipe travaille actuellement au développement d’un module de formation interactif d’une demi-journée, qui sera disponible en visioconférence. Dans l’attente n’hésitez pas à venir partager avec nous sur ce thème… ou sur un autre ! | ||
Agenda des formations interentreprises en visioconférence |
|||
|
Siège social |
Tél. +33 (0)9 51 19 32 12 |